Ah les étiquettes! Ces jugements que l'ont porte sur tout le monde, tout le temps... Ce semestre, j'ai étudié en psychologie leur fonctionnement... Et je suis forcée de constater qu'il est plus facile de catégoriser les gens que de les voir comme ils sont réellement. On a tous une tendance plus ou moins forte à la catégorisation: les femmes sont sensibles, les barbus sont gentils (comme le papa noel!!!)... Elles sont du aux théories naives qu'on nous a enseigné, appris, qu'on a intériorisé... Une théorie naive sert à donner une illusion de contrôle sur le monde... Il y a des théories naives dans tous les domaines: personnalité (tout ce qui est beau est bien), intelligence (le port des lunettes est une preuve d'intelligence), physique (les personnes agées sont plus fragiles). Elles dépendent de notre vision du monde, certains ayant plus de théories naives que d'autres...

Bien sûr, difficile de ne pas y associer les stéréotypes, qui sont en quelque sorte, le penchant extrême des théories naives: TOUTES les femmes sont sensibles, TOUS les homosexuels aiment la mode... Mais alors, comment connaitre la personne en face?

C'est difficile, cela demande du temps et de se remettre souvent en question... On n'arrive même pas à se connaitre soi-même, à cause du regard d'autrui, de notre situation actuelle, de notre motivation au changement. On arrive tout de même à ajuster nos jugements, mais souvent, pas assez, sans doute car on ne supporte pas d'avoir tort sur quelqu'un... Tout cela explique pourquoi les voisins d'un meurtrier le décrivent comme quelqu'un de bien... Pour eux, c'est impensable que le voisin souriant ait tué de sang froid sa famille. Cela explique aussi pourquoi il y a tant d'incompréhension autour du suicide: les gens sont plus enclin à voir le sourire d'une personne, que son désespoir. S'ils l'ont rencontré heureux, c'est dur d'accepter qu'il ait pu changer et devenir malheureux au point de se suicider. On a peut-être ici l'explication de pourquoi le suicide de quelqu'un semble souvent incompréhensif... C'est plus facile d'affirmer qu'il était suicidaire si on a rencontré la personne, quand elle était entrain de pleurer... Ce qui est rare vu que les suicidaires savent donner le change.

Il faut accepter qu'on ne connait réellement personne, même pas soi-même, on passe son temps à changer, selon les situations, les personnes... C'est pour cela que les étiquettes ont un côté pratique: il est plus facile de penser qu'une personne restera toujours la même.

Je me suis dite: forte, fragile, dépressive, rebelle, froide, chaleureuse, travailleuse, flemmarde... Mais tout cela dépend de tellement de choses! Et ça peut rendre malheureux de se rendre compte qu'on ne se connaitra jamais entièrement...

La solution: prendre les situations comme elles viennent, se laisser surprendre par ses comportements, ne pas chercher à les comprendre, les justifier car on a tous une vision fausse de nous-mêmes, essayer de mettre moins d'étiquettes aux gens. Ne pas se dire: "ca ne me ressemble pas", "je ne dois pas faire ça sinon on me verra comme...", car ça entraine une grande frustration de toujours essayer de correspondre à ce qu'on croit être, alors que l'on change tout le temps.

"Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous avez envie d'entendre, Ce que vous entendez, Ce que vous comprenez... il y a dix possibilités qu'on ait des difficultés à communiquer. Mais essayons quand même..."

Bernard Weber

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