Aujourd'hui, je vous fait un article un peu particulier, je vous mets tout ces poèmes qui ont marqués plus ou moins ma vie, ceux que j'ai trouvés magnifiques, qui m'ont émus... Je vais essayé de les mettre par ordre de "découverte".

Le cancre, de Prévert. C'est mon tout premier poème. Et c'est surtout le premier que j'ai joué au spectacle de l'école: pendant qu'un camarade le récitait, je faisais la cancre qui efface le tableau.

Quand ils sont venus..., de Martin Niemoller. Cours d'histoire de CM2, je découvrais l'horreur des camps nazis, de la délation des juifs et des opposants... Je découvrais ce poème qui m'a toujours pris aux tripes... C'est un poème qui reste dans l'actualité, continuer à faire réfléchir, et qui n'a pas pris de rides...

If, de Rudyard Kipling. En 2009, je découvrais ce poème du célèbre auteur du "Livre de la jungle", lors du spectacle de théâtre des élèves du lycée... J'étais en Troisième et je crois que ce poème et la manière dont il a été mis en scène a finis pas me convaincre d'entrer à ce même atelier théâtre, l'année d'après... C'est une fille, effondrée à terre, en robe blanche, dans une lumière pale, la voix brisée, qui a dit ce poème, et ça m'a touchée. Mon Dieu, quelle belle leçon de vie!

Hymne à la beauté, de Baudelaire. Je trouve ce poème tellement beau! Je l'ai découvert en Seconde, à l'atelier théâtre.

L'étranger, de Baudelaire. Je trouve qu'en plus d'être un beau poème, il fait l'ode à la liberté: l'homme préfère la nature à l'or, il préfère vénérer la beauté plus que la patrie...

La Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le boeuf, de La Fontaine. C'est un auteur incontournable, mais les fables les plus connues ne sont pas forcément les mieux. Celle-ci m'avait marquée en 5ème, car elle pose vraiment une réflexion sur: de quoi a-t-on besoin réellement? Pourquoi toujours être plus grand, plus fort que les autres? Cette fable nous montre bien à quel point c'est stupide et dangereux...

La fille, de La Fontaine. Dans ce poème, La Fontaine critique les filles trop exigeantes, qui veulent l'homme parfait... Une critique qui reste d'actualité, surtout dans notre monde matérialiste... La fille, trop exigeante pour trouver un mari, devenue trop vieille pour interesser les hommes qu'elle convoitait, finit par épouser un homme "mauvais" alors que parmi ceux qu'elle a rejetté, il y avait peut-être celui qui l'aurait comblée.

Voilà pour les poèmes qui m'ont marquée: et vous?

Le Cancre de Jacques Prévert

Il dit non avec la tête
Mais il dit oui avec le cœur
Il dit oui à ce qu’il aime
Il dit non au professeur
Il est debout
On le questionne
Et tous les problèmes sont posés
Soudain le fou rire le prend
Et il efface tout
Les chiffres et les mots
Les dates et les noms
Les phrases et les pièges
Et malgré les menaces du maître
Sous les huées des enfants prodiges
Avec des craies de toutes les couleurs
Sur le tableau noir du malheur
Il dessine le visage du bonheur.

http://www.alalettre.com/prevert-oeuvres-le-cancre.php

Quand ils sont venus chercher les communistes,
Je n'ai rien dit,
Je n'étais pas communiste.

Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
Je n'ai rien dit,
Je n'étais pas syndicaliste.

Quand ils sont venus chercher les juifs,
Je n'ai pas protesté,
Je n'étais pas juif.

Quand ils sont venus chercher les catholiques,
Je n'ai pas protesté,
Je n'étais pas catholique.

Puis ils sont venus me chercher,
Et il ne restait personne pour protester

http://archives-lepost.huffingtonpost.fr/article/2008/10/03/1279906_martin-niemoller-quand-ils-sont-venus-cherchers-les-communistes-je-n-ai-rien-dit.html

Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d'un mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n'être qu'un penseur ;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tous jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
Tu seras un homme, mon fils.

http://www.crescenzo.nom.fr/kipling.html

Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme,
Ô Beauté ! ton regard, infernal et divin,
Verse confusément le bienfait et le crime,
Et l'on peut pour cela te comparer au vin.

Tu contiens dans ton oeil le couchant et l'aurore ;
Tu répands des parfums comme un soir orageux ;
Tes baisers sont un philtre et ta bouche une amphore
Qui font le héros lâche et l'enfant courageux.

Sors-tu du gouffre noir ou descends-tu des astres ?
Le Destin charmé suit tes jupons comme un chien ;
Tu sèmes au hasard la joie et les désastres,
Et tu gouvernes tout et ne réponds de rien.

Tu marches sur des morts, Beauté, dont tu te moques ;
De tes bijoux l'Horreur n'est pas le moins charmant,
Et le Meurtre, parmi tes plus chères breloques,
Sur ton ventre orgueilleux danse amoureusement.

L'éphémère ébloui vole vers toi, chandelle,
Crépite, flambe et dit : Bénissons ce flambeau !
L'amoureux pantelant incliné sur sa belle
A l'air d'un moribond caressant son tombeau.

Que tu viennes du ciel ou de l'enfer, qu'importe,
Ô Beauté ! monstre énorme, effrayant, ingénu !
Si ton oeil, ton souris, ton pied, m'ouvrent la porte
D'un Infini que j'aime et n'ai jamais connu ?

De Satan ou de Dieu, qu'importe ? Ange ou Sirène,
Qu'importe, si tu rends, - fée aux yeux de velours,
Rythme, parfum, lueur, ô mon unique reine ! -
L'univers moins hideux et les instants moins lourds ?

http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/charles_baudelaire/hymne_a_la_beaute.html

— Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?
— Je n’ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.
— Tes amis ?
— Vous vous servez là d’une parole dont le sens m’est resté jusqu’à ce jour inconnu.
— Ta patrie ?
— J’ignore sous quelle latitude elle est située.
— La beauté ?
— Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle.
— L’or ?
— Je le hais comme vous haïssez Dieu.
— Eh ! qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
— J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… les merveilleux nuages !

http://www.poetica.fr/poeme-1443/charles-baudelaire-etranger/

Une Grenouille vit un boeuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle qui n’était pas grosse en tout comme un œuf
Envieuse s’étend, et s’enfle, et se travaille
Pour égaler l’animal en grosseur,
Disant : Regardez bien, ma soeur ;
Est-ce assez ? dites-moi ; n’y suis-je point encore ?
- Nenni. - M’y voici donc ? - Point du tout. - M’y voilà ?
- Vous n’en approchez point. La chétive pécore
S’enfla si bien qu’elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :
Tout Bourgeois veut bâtir comme les grands Seigneurs,
Tout petit Prince a des Ambassadeurs,
Tout Marquis veut avoir des Pages.


La Fille

Certaine fille un peu trop fière
Prétendait trouver un mari
Jeune, bien fait et beau, d’agréable manière.
Point froid et point jaloux ; notez ces deux points-ci.
Cette fille voulait aussi
Qu’il eût du bien, de la naissance,
De l’esprit, enfin tout. Mais qui peut tout avoir ?
Le destin se montra soigneux de la pourvoir :
Il vint des partis d’importance.
La belle les trouva trop chétifs de moitié.
Quoi moi ? quoi ces gens-là ? l’on radote, je pense.
A moi les proposer ! hélas ils font pitié.
Voyez un peu la belle espèce !
L’un n’avait en l’esprit nulle délicatesse ;
L’autre avait le nez fait de cette façon-là ;
C’était ceci, c’était cela,
C’était tout ; car les précieuses
Font dessus tous les dédaigneuses.
Après les bons partis, les médiocres gens
Vinrent se mettre sur les rangs.
Elle de se moquer. Ah vraiment je suis bonne
De leur ouvrir la porte : Ils pensent que je suis
Fort en peine de ma personne.
Grâce à Dieu, je passe les nuits
Sans chagrin, quoique en solitude.
La belle se sut gré de tous ces sentiments.
L’âge la fit déchoir : adieu tous les amants.
Un an se passe et deux avec inquiétude.
Le chagrin vient ensuite : elle sent chaque jour
Déloger quelques Ris, quelques jeux, puis l’amour ;
Puis ses traits choquer et déplaire ;
Puis cent sortes de fards. Ses soins ne purent faire
Qu’elle échappât au temps cet insigne larron :
Les ruines d’une maison
Se peuvent réparer ; que n’est cet avantage
Pour les ruines du visage !
Sa préciosité changea lors de langage.
Son miroir lui disait : Prenez vite un mari.
Je ne sais quel désir le lui disait aussi ;
Le désir peut loger chez une précieuse.
Celle-ci fit un choix qu’on n’aurait jamais cru,
Se trouvant à la fin tout aise et tout heureuse
De rencontrer un malotru.
Jean de La Fontaine

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