Nous sommes tous aveugles.

Nous voyons trop tard quand quelqu'un nous est nocif, et pas assez vite quelqu'un de bénéfique. Et quand la personne nous fait du bien, soit on ne le remarque pas assez, soit on lui est tellement reconnaissante qu'on l'effraie avec nos marques de gratitude.

Nous sommes aveugles.

Nous nous cachons derrière des valeurs pour donner un sens à notre vie et nous ne nous rendons pas compte qu'elles peuvent nous fermer des portes, des opportunités qui les auraient remises en question.

Nous sommes aveugles.

Nous nous persuadons qu'ailleurs c'est pire qu'ici, que nous sommes mieux que nos prédecesseurs et nos successeurs. Que tout va bien, que demain sera un autre jour, mais pas trop quand même, le changement, ça fait peur... Nous refusons de regarder nos cauchemars en face, persuadés qu'ils disparaitront tout seuls. Nous nous répétons "c'est la vie", résignés face aux malheurs du monde, terrorisés à l'idée d'être entrainés dans ces désastres, persuadés de ne rien pouvoir faire.

Nous sommes aveugles.

Tant que notre corps et notre esprit vont bien, on ne s'en occupe pas, on s'en fout. Mais le jour où l'on a un cancer, une dépression..., on s'en veut de ne pas avoir plus profité de ce corps.

Il suffirait d'ouvrir les yeux, et d'agir, pour aller mieux, pour que le monde aille mieux. Mais comment faire quand on a vécu toute sa vie dans le noir? Comment ne pas être éblouis en ouvrant les yeux?

Je vois ma dépression comme cet éblouissement: la vérité, la réalité était si dure à supporter, si éblouissante, que j'ai été aveuglé, et en essayant de les maintenir ouverts, mes yeux se sont mis à piquer, à être douloureux : c'est la dépression. Et pour me guérir, j'ai refermé les yeux.

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